INTRODUCTION

Les cyberviolences sont fréquemment utilisées pour cibler les groupes minorés et discriminés et discréditer leurs représentant·e·s afin de les pousser à cesser de s’exprimer. Internet et les technologies du numérique ne sont pas neutres. Les plateformes numériques et les réseaux sociaux sont conçus et développés par des individus appartenant à une catégorie sociale privilégiée. Il s’agit souvent d’hommes blancs, valides, cisgenres et très diplômés. Ces derniers ne sont pas ou peu confrontés aux discriminations liées au racisme, au sexisme, au handicap, à l’identité de genre et à l’orientation sexuelle notamment. Or, les espaces numériques où les cyberviolences s‘exercent sont des espaces politiques construits à leur image, au sein desquels la liberté d’expression, lorsqu’elle existe, demeure surtout celle des groupes sociaux dominants.

Avec l’avènement des forums, des blogs, puis des réseaux sociaux, et l’investissement du numérique par les militant·e·s d’extrême droite, le cyberharcèlement s’est malheureusement imposé comme mode d’action politique. Le recours à la violence s’est normalisé et le fait de prendre à partie, voire de cyberharceler, une personne considérée comme un·e ennemi·e politique, est souvent considéré comme légitime. Le mode opératoire varie peu : une personne médiatique ou reconnue comme leader d’opinion lance une campagne de cyberharcèlement en mentionnant une personne ou une organisation cible, ce qui conduit invariablement ses nombreux et nombreuses abonné·e·s à la prendre à leur tour à partie. Sur les forums, les groupes Facebook et les fils de discussion privés, des individus peuvent aussi se concerter et coordonner leurs actions de cyberharcèlement, se livrant alors à de véritables raids numériques.

Le guide mis à disposition sur ce site est un outil d’autodéfense destiné aux militant·e·s qui luttent contre les discriminations et pour la défense des droits humains et de l’environnement. Nous espérons que les informations que nous y avons compilées leur seront utiles et leur permettront de se prémunir des cyberviolences et de mieux y riposter.